باللغة الفرنسية
Sa’dia MAFRAH
Traduits de l’arabe par Othman Ben Taleb
Je m’arrache les organes de la parole
Et tu les tends sur les piliers de la maison
J’avorte de ma langue enceinte de lettres
Que je laisse sur les étagères
Tu les oublies dans la besace de tes humiliations
Nous apprenons comment marchent nos montures
Dans la caravane du silence
Mon dialogue est avec tes yeux
Qui chutent dans la mer du coœur
Trop chaud pour se couvrir de mots
Trop fort pour être porté par les sons
Trop haut pour habiter dans les paroles
Mon dialogue est avec tes yeux, perdus comme
yeux, perdus comme deux oiseaux
Ne rouvant plus le chemin du nid plein d’oisillons
Les paroles sont trop hautes pour que les entendent
Mon oreille ou la tienne ou celle de notre tribu
Mon dialogue est trop sublime pour naître et vivre
un temps
Et quitter notre monde avec nous et nous oublier
Ouand nous quittons notre monde si impur
Il dure plus longtemps que le printemps
S’évapore avant l’été…
Il craintl’épuisement de son eau
Et supporte la solitude et la peur
0, ces yeux silencieux
Comme deux religieux devant une croix
Que faire devant 1’instant de la rencontre de deux feux
Où l’univers s’enflamme ?
Je voudrais une bataille paisible
Où on donne la mort aux mots d’amour
Et reste l’amour
On envoie au martyre les instruments de la grammaire
Et les signes de la syntaxe
Et où le cœur est vainqueur
Mes veines s’usent
Dans l’ardeur du silence
Et les recommandations du Créateur
Là où se lève un soleil
Ou un ramneau pâle découvre son feuillage
Et un oiseau danse avec son compagnon
Joyeux… et non égorge.
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Poètes et poèmes arabes : Extraits choisis du dictionnaire Al-Babtain des poètes arabes contemporains /
Traduits de l’arabe et annotés par Othman Ben Taleb,
revisé par Abdou Said Houmadi